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mardi 13 octobre 2009

Mika et la Création Artistique - Première Partie


Aujourd'hui je voudrais ouvrir une parenthèse atristique-musicale pour parler de l'imaginaire d'un artiste cher à beaucoup de fils et filles, et non seulement.
La raison pour laquelle j'ai choisi cet artiste est mon admiration totale pour son incroyable habilité communicative et pour l'originalité de son travail: là où la 'masse' a la tendance à se copier continûment, de temps en temps, quelqu'un émerge pour la vision totale de son expression artistique. Ce n'est pas un axiome valable pour tous, pour Mika (Michael Holbrook Penniman) sans aucun doute cela correspond à la verité.

Entrer dans son site est une expérience absolument vitalisante, je me sentais un peu comme le petit Charly à la découverte de l'Usine de Chocolat. Il n'y avait aucun Mika Wonka avec son tube à m'accueillir, mais de quelque manière je me suis sentie chez moi: à la place du Billet d'Or il y a les Mika's Magic Numbers, à la place de la cascade de chocolat il y a une roue panoramique donnant sur un monde aux couleurs éblouissantes, enfin, comment ne pas se laisser tenter?

Ses fans sont accueillis par une embrassade médiatique, gâtés par une quantité de petites attentions, impliqués et, surtout, ils sont mis dans ce qui se passe minute après minute, parfois par Mika en personne. Ce n'est certainement pas mon rôle d'établir s'il n'est qu'un communicateur rusé ou bien un enthousiaste de son travail et, tout de même, en m'approchant à ce personnage polyédrique j'ai eu la sensation qu'il est motivé par une forte volonté de transmettre sa conception artistique, au-delà de la pure économie (que naturellement ne fait jamais de mal).

Exception faite pour quelque rare cas, je crois qu'il y a vraiment peu de musiciens/auteurs aussi profondément enracinés dans leur vision artistique et capables aussi d'en donner une forme expressive transversale, capables d'embrasser d'autres disciplines artistiques également. A démonstration de ce que je viens de dire, il suffirait de penser aux contributions personnelles de Mika à la création de l'art qui accompagne sa musique.

Dans The Boy Who Knew Too Much, en plus de sa sœur Jasmina (alias DaWack) avec qui il avait déjà crée le design du cd précédent, Mika a eu l'adresse et la modestie de se laisser supporter par d'autres auteurs aussi: la talentueuse illustratrice australienne Sophie Blackall, dont je vous parlerai mieux bientôt, et Richard Hogg, éclectique designer anglais avec lequel il avait déjà travaillé dans le passé.

Il est indéniable que Mika a un lien profond avec l'imaginaire enfantin. A ce propos j'ai été beaucoup frappée par une déclaration autographe parue sur son blog, le dernier 15 juillet:

"There's something dark and magic about a good picture book. The way those characters never leave you and attach themselves to a particular time of your life. The only thing I can compare it to is smells.", en français ce serait plus ou moins comme ça: "Il y a quelque chose d'obscur et magique dans un bon album illustré. La manière dont ces personnages ne t'abandonnent jamais et dont ils se lient indissolublement a une époque particulière de ta vie. La seule chose à laquelle je les pourrais comparer c'est les odeurs."

C'est comme si, en lui, ces personnages s'étaient cristallisés, en formant une constellation d'archétypes qui paraissent être source constante d'inspiration, de nourriture presque. La comparaison aux odeurs je crois être encore plus significative en relation à la puissance évocatrice que, même aujourd'hui, certaines figures appartenues à l'enfance peuvent avoir dans son imaginaire.

Ce "dark and magic" auquel il fait référence, qui sort aussi bien dans ses dernières compositions, et dont l'enfance et l'adolescence sont aussi tant constellées, est un thème constant et fort dans ses chansons: comme si sa veine mélancolique jouait à cachette, déguisée derrière les paillettes et les couleurs voyantes, protégée de la superficialité de ceux qui écoutent seulement pour se remplir les oreilles de notes indistinctes.

J'espère vivement que le grand succès médiatique, avec ses mécanismes "hache-tout", et l'inévitable maturation ne finiront pas pour entamer cette grande richesse émotionnelle et instinctuelle, qu'elles ne transformeront pas cette expression "enfantine" et souriante en cynique désenchantement.