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jeudi 25 mars 2010

Le Prix "Bologna Children's Book Fair - Fundaciòn SM International Prize for Illustration"

La Foire n'arrête pas de donner émotions et surprises.

Le gagnant du Bologna Children's Book Fair - Fundaciòn SM International Prize for Illustration pour l'année 2010 est


Philip Giordano



Ses livres ont été publiés par Zoolibri. À Philip Giordano la commission des juges a reconnu un talent réunissant, dans l'acte artistique, la culture et la connaissance du passe avec une raffinée vision du présent. Nonobstant son jeune âge, il est né en 1980, et sa timidité, Philip Giordano a toute l'épaisseur d'un artiste bien en ligne avec son imaginaire.

Pour Zoolibri, Giordano a déjà publié trois albums illustrés: Mamma chi sono io? (2006), L’isola del piccolo mostro nero-nero (2008), Chissadove (2009).



Pour plus de renseignements, vous pouvez visiter ce link: http://www.zoolibri.com/content/index.php?/autori/giordanophilip/

Ars in Fabula - Master in Mostra

Dans le programme des événements Bolibri, cet après-midi à 18,30, chez Baracca-Testoni Ragazzi, il y aura le vernissage de l'exposition titrée


100 racconti, 100 immagini - ARS IN FABULA, il master in mostra


organisation Ars in Fabula, Master d'Illustration pour l'Édition, Fabbrica delle Favole, de Macerata.


Il s'agit d'une exposition où les ouvrages des illustrateurs licenciés du master ont étés collectés. Parmi ces illustrateurs certains ont déjà obtenu d'importantes reconnaissances concrétisées dans les premières publications, comme dans le cas de Sara Gavioli (une de ses œuvres reproduite en bas) qui a illustré le texte “La governante” d'Edouard Osmont pour la maison d'Édition Orecchio Acerbo , et de Marco Lafirenza qu'avec Rizzoli a publié “Io credo agli unicorni” de Morpurgo mais aussi avec d'autres importants témoignages d'appréciation. Par exemple, Laura Paoletti a été sélectionnée dans la manifestation “Grammatica delle figure”*, dédiée à Gianni Rodari, et organisée par la Foire du Livre de Bologna. L'image que vous verrez en exposition est tirée de l'histoire “Lo spazzacamino”**, une comptine écrite par Rodari dans le recueil "Filastrocche in cielo e in terra".




En ouverture du vernissage quelques mots de Walter Fochesato, fameux illustrateur et parrain du Master.


Pour plus de renseignements relativement à Ars in Fabula, aux programmes du master et aux cours d'été de Fabbrica delle Favole, vous pouvez consulter le site: http://www.fabbricadellefavole.com/



Illustration publiée avec la permission d'Ars in Fabula, Fabbrica delle Favole. All rights reserved.


* "Grammaire des images" titre évidemment inspire par la Grammaire de l'imagination écrite par Rodari en 1973.
** "Le ramoneur".

mercredi 24 mars 2010

Hans Christian Ansersen Award 2010 - Vainqueurs

Un autre post, très bref, pour annoncer les vainqueurs du Prix International 

Hans Christian Andersen pour 2010



Pour la catégorie Écrivains: David Almond

Les écrivains en lice étaient: Ahmad Reza Ahmadi, d'Iran; David Almond, de Grande Bretagne; Bartolomeu Campos de Queiros du Brésil; Lennart Hellsing deSuède et Louis Jensen  de Danemark.


Pour la catégorie Illustrateurs: Jutta Bauer

Les illustrateurs en lice etaient: Jutta Bauer, d'Allemagne; Carll Cneut, de Belgique; Etienne Delessert, de Suisse; Svjetlan Junakovic, de Croatie et Roger Mello du Brésil.



Quelques mots sur les vainqueurs


David Almond, né à  Newcastle upon Tyne en 1951, écris son premier roman "Skelling" en 1998. Avant de recevoir le Prix Hans Christian Andersen, Almond avait déjà obtenu d'importants prix littéraires, comme le Whitbread Children's Novel of the Year Award, pour The Fire Eaters, et la Carnegie Medal.: http://www.davidalmond.com/


Parmie ses livres je cite: Kit's Wilderness (1999), Occhi di Cielo (2000), Secret Heart (2001), Clay (2005), Jackdaw Summer (2008) et The Savage (2008), entre autre Almond s'est mis à l'épreuve aussi avec un texte de théâtre titre Wild Girl, Wild Boy.

Les sujets recourants dans ses œuvres sont les contrastes vie/mort, éducation, nature, avec un œil très attentif et sensible envers l'adolescence.

Voici son site web



Jutta Bauer, née à Hambourg en 1955, elle est entre les illustrateurs et les créateurs de BD les plus connues. Elle prit son diplôme au Technical College of Design d'Ambourg, elle travailla d'abord pour un magasin féminin pour aboutir finalement au monde de l'illustration. Son album illustré titré Schreimutter lui vaut le Prix Deutscher Jugendliteraturpreis (German Youth Literature Award), en 2001.

Parmi ses livres je vous signale:

Ein Engel trägt meinen Hinkelstein
Schreimutter
Opas Engel
Die Königin der Farben
Abends, wenn ich schlafen geh
Ich sitze hier im Abendlicht

ALMA Award 2010

Quelle émotion!

Le vainqueur de 2010 du Astrid Lindgren Memorial Award est


KITTY CROWTHER

La remise du prix, qui a eu lieu pendant la Foire du Livre de Bologna, en directe télévisuelle avec la Suède, s'est passée il y a quelques minutes. Ce n'a pas été une émotion que pour Kitty Crowther, mais pour nous qui étions présents aussi.


Pour moi particulièrement, car j'aime profondément cette autrice et illustratrice, pour les thématiques difficiles qu'elle traite, pour son génie unique, pour son regard sensible et ironique traçant chaque histoire qu'elle raconte.

Kitty Crowther avait déjà obtenu le Prix Baobab, en novembre dernier, en occasion du Salon de Montreuil, pour l'album



"Annie du Lac", textes et images par Kitty Crowther, Ed. Pastel, octobre 2009


Annie du Lac est une histoire de solitude et tristesse car, comme le disait une chanson si chère à l'écrivain  Nick Hornby: "aucun homme n'est une ile"... dans cet album, en effet, les iles sont trois! Et pourtant ce ne sont pas des iles: ces sont des géants, des géants sages (qui nous font penser à l'inébranlable bonhomie du géant de Roald Dahl) qui mèneront Annie dans une nouvelle vie, vers le monde qui coule en dehors de sa maison triste et désolée.


Mais l'album de Kitty Crowther à laquelle je suis plus attachée c'est







La visite de Petite Mort, textes et images de Kitty Crowther, Éd. Lutin Poche, décembre 2005






La mort est un sujet très difficile à traiter, surtout quand nous devons l'expliques aux enfants: la difficulté n'est pas simplement dans un manque de compréhension de la part des enfants, quant plutôt dans notre embarras, dans notre douleur, qui nous rendent difficile ce devoir. Cet album illustré, a plein de choses à nous apprendre, à nous tous, peut-être bien plus aux adultes qu'aux enfants.

La sensibilité avec laquelle Kitty Crowther arrive à rapprocher les thèmes de la mort et de la maladie, la délicatesse avec laquelle elle arrive à toucher la sensibilité de ceux qui souffrent, on ne peut les comprendre a plein que quand on éprouve ces sentiments. Le apaisement que l'on trouve dans ce livre et la leçon qu'on y apprend sont sans temps.

Mon merci personnel à cette femme spéciale, pour les émotions, le sourire, la joie et la consolation qu'elle m'a donnés.

Pour plus de renseignements sur Kitty Crowther: http://www.ecoledesloisirs.fr/php-edl/auteurs/fiche-auteur.php?codeauteur=66


Je vous suggère un bel article, suivi par un interview approfondie à Kitty Crowther, qui vient de paraître dans la Revue Hors Cadre[s], n. 6, mars-septembre 2010, pages 26-29.

mardi 23 mars 2010

"Migrando" et "L'Ombra e Il Bagliore" - Orecchio Acerbo

Je vous transmets quelques nouvelles en directe de la Foire du Livre Jeunesse de Bologna. J'ai crée expressément cette section "Extra-wire news", afin de donner des nouvelles brèves mais de particulier intérêt.

Je commence par la présentation d'un album illustré et d'un conte de Jack London, tous les deux signés Orecchio Acerbo.

"Migrando" est le nouvel album illustré par Mariana Chiesa Mateos, Orecchio Acerbo Éditeur, mars 2010.

Cet album a été présenté jusque ce matin, en foire, par les éditeurs, l'auteur et par Amnesty International qui a accueilli et soutenu la publication du texte avec un grand intérêt.

Migrando est un album sans mot, magnifique, à double lecture car ce sont deux réalités de migration qui se confrontent et se rencontrent: l'une dont nos livres d'histoire sont pleins, l'autre plus moderne et plus dramatiquement proche. La double lecture de cet album consiste aussi d'un geste physique du lecteur lequel, pour passer de la première à la deuxième partie, doit tourner le livre. Comme M. Tonucci, l'éditeur, le faisait justement noter en conférence, cette rotation permet au lecteur de percevoir clairement un changement de perspective, comme à faciliter le passage d'une opinion à autre qui pourrait ne pas nécessairement coïncider avec la nôtre.

Ici une analyse plus détaillée, dans la section Guerre et Alentours.


Le deuxième texte que je vous propose est

"L'Ombra e il Bagliore", texte de Jack London, illustrations de Fabian Negrin, traduction par Giorgia Grilli, Orecchio Acerbo Éditeur, février 2010 - avec les conclusions de Goffredo Fofi

L'Ombra e il Bagliore est un conte complexe, écrit par London dans une époque tardive en rapport à l'entièreté de sa production - comme le disait Goffredo Fofi pendant la présentation. Il s'agit d'un texte "obscur" dans le vrai sens du terme, car entièrement joué sur les idées d'ombre et de lumière : les deux protagonistes, Paul et Lloyd, vivent un antagonisme qui les poussera vers un crescendo de défis intellectuels, jusqu'à l'inévitable explosion finale. L'un des deux cherche de créer le noir absolu, l'autre poursuit la transparence totale, les deux visés à trouver l'invisibilité parfaite dans un défi au dernier sang.
Les efforts graphiques et d'illustration derrière cet œuvre sont impressionnants: l'on passe de l'utilisation de coupures reproduisant les coups de brosse, à l'utilisation d'acétates, de papier de soie, jusqu'à donner des coupures particulières aux pages, toujours cachant et jouant avec le double.

À noter la couverture, reprenant la dernière image du livre, la où le concept du texte est remporté avec une synthèse parfaite. Un livre cher, qui vaut chaque centime. À ne pas manquer.

Pour le moment c'est tout, à très bientôt!

lundi 22 mars 2010

La Coda Canterina - Topipittori


"La coda canterina", texte de Guia Risari, illustrations de Violeta Lopiz, Editeur Topipittori, mars 2010.






Essayons de penser à tous les types de queues que nous connaissons: la queue du chien, toujours prête à remuer; la queue de la vache, que parfois a un drôle de touffe au fond; la queue somptueuse et noble du cheval; la queue du castor, plate et rondie comme un aviron; la queue agile de l'écureuil, toujours parfaitement coiffée; la queue du lion, avec sa petite crinière au sommet; la queue du chat, qui se gonfle comme un nouage prêt à exploser de pluie quand le chat est en colère.

Eh bien, pour autant de queues dont vous pouvez vous souvenir, aucune, mais vraiment aucune ne pourra jamais être comme celle-ci.


Pourquoi? Il y a au moins trois bonnes raisons: la première est que cette queue appartient à un enfant; la deuxième est dans sa longueur qui correspond à la circonférence de la terre; la troisième est que cette queue chante avec une voix céleste, elle chante si bien qu'elle charmerait tout le monde, vous aussi!

Mais procédons en ordre: une belle matinée un enfant se réveille mais il n'est plus tout seul, il se retrouve avec une queue, sa queue. Le soir précédent elle n'y était pas et maintenant la viola, bien ferme à sa place. D'abord l'enfant essaie de la cacher, sans trop de succès, il cherche alors de la noyer dans la baignoire mais cette tentative non plus n'a aucun succès. La queue commence à produire du bruit, autant de bruit que les parents de l'enfant s'en aperçoivent, ils font irruption dans la salle de bains et découvrent le secret. Parbleu, une queue! Bien pire: une queue qui chante! Une queue impertinente qui n'obéit pas aux ordres de maman et de papa.

Que dire? Une situation horrible, gênante, bouleversante.

Si vous habitiez "in un paese minuscolo, così piccolo che il nome era più grande del paese"*, alors vous sauriez bien qu'on ne peut pas garder des secrets pour très longtemps. Il vaut mieux ne pas affronter les problèmes tout seuls et impliquer les autres aussi, qui sait si jamais personne ne trouve une solution à ce problème.

Aucun habitant ne voit la queue comme une malformation, ils la voient plutôt comme un inconvénient dont il faut se débarrasser: c'est un problème qui nécessite d'une solution qu'il faut trouver tous ensemble, sur le papier. C'est ainsi que, quand quelqu'un suggère de tirer la queue, tous les habitants du village se mettent à l’œuvre.


C'est un album amusant, surréel, qui se dénoue (c'est bien le cas d'utiliser ce terme) autour d'un protagoniste assez inusuel comme une queue qui chante des vieilles chansons russes. Ce livre a une saveur ancienne sous un certain égard: en partant de la cantilène chantée par la queue, pour terminer avec le village tout petit, où tout le monde se connaît et s'aide. Il est en partie aussi vaguement rural, pour ce sens de communauté aussi fort qui me fait penser aux grandes maisons paysannes du début du vingtième siècle. Et pourtant rien ne nous confirme si cela est vrai, car c'est en même temps une histoire parfaitement moderne.

Guia Risari mesure parfaitement des petites traces de magie, avec une dose de sourire amusé et ironique, mélangées à la réalité plus concrète du pays minuscule peint dans ses dynamiques typiques. Un beau texte, pressant, avec un langage élégant. Charmantes les illustrations de Violeta Lopiz, toutes jouées sur un chromatisme simple (blanc, noir, nuances de gris et rouge) et une technique mixte. Ses personnages bien caractérisés et reconnaissables accompagnent l'histoire soulignant le crescendo de l'urgence, marqué aussi par le rythme du texte. Très belle la table où les parents de l'enfant, après avoir découvert la queue, sont peints en premier plan.

Un beau voyage: celui des habitants du village qui tirent et tirent, jusqu'à faire le tour du monde, et le nôtre que page après page découvrons ce qui ne se voit pas.



Copyright© texte et images de Topipittori 2010. Les images ont été publiées avec la permission de l'Editeur.

*"dans un village minuscule, aussi petit que son nom était plus grand que le pays lui-même"

samedi 20 mars 2010

Bologna Children's Book Fair - Foire du Livre pour Enfants de Bologne (23-26 mars 2010)



J'aime la Foire de Bologna! Pourquoi, vous demanderez-vous? Enfin ce n'est qu'une foire où l'on fait du business, une foire où l'on vend et l'on achète des droits, où les affaires sont fondamentales pour ceux qui louent un espace, comme toute autre foire au monde.

Et pourtant, une fois par an, les murs gris de la foire changent de DNA: leur structure semble plus légère et sinueuse, les espaces plus grands et beaux car - une fois par an - la foire devient le cœur palpitant de l'édition jeunesse et le monde a une saveur différente.

Ceux qui pensent que cette foire n'est que du business pur commettent une erreur dictée d'une grande superficialité, il suffit de regarder le programme pour comprendre combien de travail et de passion nécessitent pour faire autant. Près des affaires cohabitent des séminaires, des rencontres, des événements, des échanges intellectuels qui suffiraient à donner assez d'énergie pour le reste de l'année. Certes, il faut être vraiment intéressés pour participer à ce que la foire offre c'est, peut-être, l'une des raisons pour laquelle la foire n'est pas ouverte au public. Ce n'est certainement pas un lieu où amener les enfants pour le goûter, où aller pour simple amusement: elle sert plutôt les enseignants, les auteurs, les illustrateurs, les préposés du secteur enfin.

Ceux qui pensent arriver en foire avec le carnet de chèques prêt et le portefeuille plein d'espoir, seront emportés par une onde d'art en évolution continue, ils seront projetés dans un imaginaire toujours renouvelé, ils retrouveront des souvenirs, des sensations, des saveurs oubliés.

Je parle d'Art, oui, dans ses formes les plus élevées.

Je parle à vous, messieurs, à vous qui regardez au monde de littérature juvénile d'un air snob, à vous qui tordez vos nobles nez en signe de compassion! À ceux qui pensent que pour illustrer un livre pour enfant il suffit de simplifier les formes, d'utiliser des couleurs primaires, d'adoucir les idées, je ne dis que ceci: ouvrez vos yeux, que de ce monde arrivent des artistes qui n'ont rien à craindre d'une comparaison avec ceux qui pensent être les seuls représentants de l'art vraie, élevée, qui regardent le monde du haut de leurs belles tours d'ivoire. Ces artistes ont plein à enseigner, car leur action est libre de freins mentaux, leur approche à la vision des choses est absolument franc, ironique, désuet, désenchante parfois, et dur: un regard où le douceâtre n'a aucun espace. Un exemple pour tous? Pensez à la version de l'histoire d'Hänsel et Gretel de Mattotti... n'est ce pas que de l'art pur?

Je parle à vous, à vous qui croyez qu'écrire un livre pour enfants est simple: alors allez-y, faites une tentative. Après vous pourrez me dire comment il a été facile de se dépouiller des superstructures mentales dont nous allons habillés, pour mettre des linges plus simples sans être banales, sans utiliser ce ton mielleux et écœurant qu'ennuie les enfants encore plus que les adultes. Cherchez de maintenir vive l'attention des jeunes lecteurs, lorsque ils sont prêts à détourner le regard du livre car tout au tour il y a un monde à découvrir.

Ceux qui ont lu Bianca Pitzorno, Angela Nanetti, Roberto Piumini, Rebecca Stead, Timothée de Fombelle, pour n'en mentionner que quelques uns, savent bien qu'ils n'ont rien à envier à Barricco, à Stefano Benni, à Ammaniti, à Stephen King (et la liste serait bien plus nourrie dans ce cas aussi)... Il pourrait bien être vrai le contraire. Je vous pose une question: comment se passe-t-il que les plus grands écrivains depuis toujours, au moins une fois dans leur vies, ont écrit un livre pour enfants? Et je ne pense pas seulement à  Dickens, je pense à Moravia par exemple, à Umberto Eco, à Elsa Morante, à Jean Giono, Herman Hesse, Nazim Hikmet, Mordecai Richler, Eric Emmanuel Schmitt, et beaucoup d'autres encore.

Après cette chaleureuse invective, je crois vous comprendrez mieux le vent de passion qui anime la foire de Bologne et les pics qu'elle arriva à toucher.

Certes, à côté des livres d'art il y a aussi des produits pauvres, ceux qu'ont été créés pour vendre et non nécessairement pour élever, pourtant la culture y est bien présente et bien représentée et cela me parait important, surtout aujourd'hui, surtout dans ce pays autrefois berceau de la littérature devenu décharge d'évidences et d'ignorance, dans le pays d'Europe ayant le record le plus décourageant en matière de livres lus dans un an.

Je ne finirai jamais de le répéter: la culture est liberté, défendons-la!


P.S. P.S. Je reçois jusque maintenant le newsletter de l'Éditeur Orecchio Acerbo, où je trouve un petit article titré: "I libri che stanno facendo tremare Geronimo Stilton"*, une très bonne nouvelle avec laquelle terminer mon post!


*"Les livres qui font peur à Geronimo Stilton"

lundi 8 mars 2010

Deux albums illustrés de Sarbacane

Aujourd'hui je vous parle de deux albums illustrés parus chez Sarbacane respectivement en janvier et février: "Coline" et "L'étrange projet de Monsieur G.".



Coline, texte d'Alex Cousseau, illustrations de Chiaki Mijamoto, Editions Sarbacane, janvier 2009


Coline est une histoire d'amitié entre l'hirondelle, Coline, et Youyou, la tortue.

Les deux sont inséparables, elles jouent heureuses à cachette sur la plage, mais l'automne plane sur elles et Coline sent de plus en plus un fort l'instinct à abandonner le pays pour migrer vers le sud. Youyou se sent désolée, elle ne supporte pas l'idée de perdre son amie, même si elle sait qu'un jour l'hirondelle reviendra.

Quoi faire alors? Peut-être elle pourrait prendre un petit souvenir de son amie pour se chauffer le cœur dans les froides journées d'hiver? Une petite plume, avec son odeur, est ce que cela pourrait marcher? Suffirait-il une seule plume? Peut-être que deux sont mieux qu'une seule... Aveuglée par le désir de garder son amie auprès d'elle, Youyou ne comprends pas entièrement ce qu'elle est en train de faire: pauvre Coline, qui était si heureuse pour le prochain départ, se retrouvera rapidement déplumée et elle ne pourra plus partir comme prévu. Pourquoi, pourquoi ma plus chère amie m'a-t-elle fait ça? Se demandera-t-elle. A Youyou de trouver une solution pour remédier aux dommages qu'elle a provoqués et, peut-être, aussi la manière de ne pas se séparer de son amie autant aimée.


La force du sentiment d'amitié et la tristesse pour l'abandon sont les deux thèmes principaux de cet album illustré pour les plus petits. Le sens de possession de Youyou ne lui permet pas de comprendre tout de suite le mal qu'elle fait à son amie et, peut-être, dans chaque relation d'amitié il y a un moment pareil, quand on est adulte aussi.

Cette histoire douce et mélancolique nous apprend qu'il ne faut pas penser qu'à nous-mêmes, à nos sentiments, mais qu'il faut penser à ceux que nous aimons, pour les protéger de nos égoïsmes, grands ou petits. Et si nous nous trompons, il faut trouver un remède, avec les moyens à notre disposition et avec le cœur pur.

Comme je viens de dire c'est une leçon convenable à tout age, car l'amitié est très probablement le sentiment le plus pur qu'il y a, car elle ne naît pas de liens de parenté, ni d'autre élan n'étant que de l'amour désintéresse.

Ce petit album, plein de poésie, est le résultat de la collaboration entre deus artistes relativement nouveaux au monde de la littétature jeunesse mais déjà tout à fait accrédites. Alex Cousseau, commence sa carrière en 2004, il a publie pour l'Ecole des Loisirs, pour le Rouergue il a écrit des romans destinés aux enfants et aux adolescents, et maintenant il y a ce nouvel album pour Sarbacane. En Italie il a été publié par la maison d'édition Topipittori.    Chiaki Miyamoto, originaire d'Osaka, vit en France depuis 2000, en 2003 elle reçoit son diplôme auprès de l'école d'Emile Cohl à Lyon où elle vit encore à présent: elle a publié plusieurs albums illustrés avec Gallimard Jeunesse, Belem, Nathan et Milan.

De cet album j'ai admiré la délicatesse d'esprit et la sensibilité de tous deux, auteur et illustrateur, aux prises avec un thème comme e celui de l'amitié, leur manière de toucher les raisons les plus profondes qui nous mènent à nous porter mal parfois, mais aussi la manière fine qu'ils ont eu de souligner l'importance d'ouvrir ment et cœur, dans l'effort de comprendre les raisons d'autrui. Les illustrations, dans leur simplicité essentielle, rentrent dans l'histoire d'un pas léger, pour gagner le lecteur avec des lignes sobres et délicates et les couleurs vives.

Approprié à partir de trois ans d'âge.







L'étrange projet de monsieur G., texte et illustrations de Gustavo Roldan, traduction de l'espagnol de Jacques Fuentealba, Editions Sarbacane, février 2010




Je commence tout de suite en vous disant qu'il n'y a pas, dans cet album, aucune référence à notre Monsieur G (Il Signor G. c'est à dire Giorgio Gaber). Même si, Gaber aussi, en aurait apprécie le message, l'adaptation surréelle et la vaine de folie, si l'on peur parler de folie, qu'anime ce Monsieur G.

Mais il vaut mieux partir du principe!

Gustavo Roldan habite Barcelone, ce qui pourrait expliquer en partie le goût fleuri de quelques images de ce livre, mais il est né en Argentine, d'où le goût pour les espaces démesurés peut-être.

Son Monsieur G. habite dans un petit village au milieu du désert. Dans un désert où rien ne se passe, rien ne pousse, tout semble être irréparablement immobile. Tout y est sec et silencieux, un instant éternel, suspendu, comme dans les scènes désertiques d'un film western à la Sergio Leone. Dans ce désert, Monsieur G. vit poliment avec ses compatriotes, ils se donnent le bonjour chaque matin, ils se préoccupent réciproquement que tout se passe bien.


Jusqu'à ce que, un jour, Monsieur G. ait une drôle d'idée.

Mieux, une folle d'idée: planter une fleur dans le désert pour "poner un poco de música en este lugar"!*

Les sages voisins savent très bien que dans le désert il n'y a pas de fleurs, et que les fleurs ne sonnent pas: Monsieur G. doit être un peu loufoque. Que se passera-t-il avec le bulbe que M. G. a planté? Fleurira-t-il? Chantera-t-il? Je vous laisse découvrir la réponse vous-mêmes.

Derrière l'apparente gaieté, cet album, avec ses illustrations d'un côté un peu BD et caricaturale, avec ses traits légers et le fond blanc, cache un message très sérieux: l'initiative personnelle, quand elle vise à améliorer la condition humaine, a le pouvoir de changer même les situations apparemment les plus éteintes. N'y avait-il pas une précieuse fleur sur la lune désertique de Saint Exupéry? Alors peut-être, même si aux yeux de la plupart des gens nous ressemblons à des fous, nous pouvons tout de même essayer de planter une fleur qui chante dans le désert et, si jamais elle fleurit, qui serait-il alors le fou?

Rester les mains dans les mains n'aide pas à changer les choses, pourtant notre Monsieur G, avec son geste vraisemblablement désespéré, commence une petite révolution civile qui mènera son village à un changement inattendu et apprécie. A chacun son choix: êtes-vous fous ou sages?

Cet album, sous le titre "El Señor G.", a été originairement publié par la maison d'éditions A Buen Paso (c'est le même éditeur qui avait publié un autre chef d’œuvre: Papá Tatuado, publié en Italie par Orecchio Acerbo)




Copyright© texte et images de la maison d'édition Sarbacane 2010. Les images ont été reproduites avec la permission de l'éditeur.



* "porter un peu de musique dans cet endroit"

mardi 2 mars 2010

Trois noms et un éditeur!

Pour des raisons de manque de temps le post d'aujourd'hui sera très rapide, je ne pouvais pas en tout cas manquer de vous signaler un véritable chef d’œuvre: pour une fois il ne s'agit pas d'un livre mais d'un dvd.

Les trois noms sont: Gioacchino Rossini, Emanuele Luzzati et Giulio Gianini.
L'éditeur: Gallucci.
Le dvd, Omaggio a Rossini, contient: L'italiana in Algeri, Pulcinella et La Gazza Ladra.
Contenu: Le dvd et un livret où il y a une explication sur les animations, avec une préface de Federico Fellini et la conclusion de Gianini et Luzzati.


Comme je viens de vous dire la préface a été laissé à une lettre de Federico Fellini, où le directeur parle de son admiration pour "la fantasia figurativa, l'estro umoristico, il senso della fiaba e le geniali soluzioni grafiche"* caractérisant l’œuvre de Luzzati et Gianini.


Dans la conclusion, ce sont Gianini et Luzzati en personne qui nous expliquent les raisons qui les menèrent à créer ces merveilleuses animations sans mot que, si bien, laissent espace à la poétique enfantine, non plus à l'infantilisme notez bien!

Ces histoires animées, crées entre 1964 et 1973, sont partie fondamentale de l'histoire de la télévision italienne et non seulement: ce sont des documents très précieux et poétiques, accouchés par des véritables génies, qui ne devraient jamais être oubliés. Aujourd'hui, grâce à la maison d'édition Gallucci, les enfants modernes aussi auront la chance de s'amuser avec l'irrévérence ironique des personnages de Luzzati, ils seront enchantés par les couleurs brillantes, par les splendides animations de Gianini et par la musique de Rossini.

En bref: une opération, celle de Gallucci, de grande importance et de très haute qualité.

Pour plus de renseignements vous pouvez visiter le site de l'éditeur: http://www.galluccieditore.com/

Omaggio a Rossini: La gazza ladra-L'italiana in Algeri-Pulcinella. Avec un livre d'Emanuele Luzzati - Giulio Gianini, Gallucci Editore, décembre 2009.

*"la fantaisie figurative, le génie humoristique, le sens du conte et les géniales solutions graphiques"